Stagnation positive

Malgré certaines mises à jour, le Z4 n’a pas beaucoup évolué depuis son lancement, en 2018. Et pourtant, c’est une excellente chose. On vous explique pourquoi.

Il fut un temps où les petits cabriolets sportifs avaient le vent en poupe. Petits, maniables, relativement bon marché et idéaux pour s’évader le temps d’un week-end, ils étaient si agréables à conduire que les gens étaient nombreux à se les arracher. C’était l’époque des BMW Z3, Mercedes-Benz SLK et autres Audi TT, pour ne citer que les produits des constructeurs premium allemands. Aujourd’hui, cette époque est révolue: le SLK n’est plus, le TT s’apprête lui aussi à tirer sa révérence et le Z4, qui a remplacé le Z3 en 2003, ne s’écoule plus qu’à 12 000 unités par an dans le monde (241 en Suisse en 2022). Et BMW l’aurait sans doute complètement arrêté en 2016 si Toyota n’avait pas accepté de développer sa Supra sur la même plateforme, et si Magna n’avait pas été d’accord pour assembler ces deux modèles sous mandat dans son usine autrichienne de Graz.

Lorsqu’il sera commercialisé en Europe, à l’été prochain, il est probable que le roadster chinois MG Cyberster lance une nouvelle vague de petits cabriolets électriques. Et s’il est probable que le remplaçant du Z4, s’il existe, sera également décliné dans une version à batterie (comme la plupart des modèles de la gamme), l’actuel Z4, lancé en 2018, a encore quelques années à tirer. Voilà qui explique pourquoi BMW l’a récemment restylé. L’auto n’apporte aucune réelle nouveauté. Cela pourrait sonner négativement, et pourtant, c’est une excellente nouvelle! Explications.

Voiture inchangée

Esthétiquement d’abord, le Z4 reste semblable dans la mesure où il n’adopte pas par exemple les immenses naseaux de la M3. Certes, il y a bien de nouveaux pare-chocs avant et arrière et les prises d’air avant plus proéminents, mais ils ne perturbent pas les lignes générales, ils ajoutent un supplément de sportivité plutôt bienvenu. À l’intérieur, l’habitacle conserve ses deux écrans scindés, commandés par des boutons classiques et la célèbre molette BMW, que les amateurs de la marque apprécient tant. Le diptyque d’écrans incurvé dont profitent les dernières créations de la firme de Munich est ici aux abonnés absents. C’est tant mieux, car une telle technologie serait moins légitime dans un petit roadster comme le Z4. Et puis, surtout, cela fait du bien d’avoir un «vrai» combiné d’instrumentation avec casquette, et pas un simple écran flottant. Pour le reste, les espaces de rangement sont toujours nombreux pour un petit cabriolet de ce type. Le coffre offre un volume de 281 litres.

Sous le capot, les motorisations restent identiques; non seulement il n’y a pas d’hybride plug-in, mais aucun des blocs proposés ne dispose d’une hybridation douce. Là aussi, c’est pour un mieux puisque cela laisse davantage de place à la mécanique pure, et ne péjore pas le poids. C’est d’autant plus vrai sur la version M40i du Z4, équipé du magnifique 6-cylindres en ligne. Ce moulin a la réputation de développer davantage de puissance que celle revendiquée par BMW sur la fiche technique, à savoir 340 ch (entre 5000 et 6500 tr/min). Le couple maximal s’établit quant à lui à 500 Nm (dès 1500 tr/min). Bien évidemment, toute cette cavalerie est envoyée aux seules roues arrière, dans le plus pur style BMW. Autant dire que les pneus arrière (275/35 R19) ont fort à faire pour assurer la bonne motricité, surtout sur route mouillée. Heureusement, ils sont épaulés par le différentiel M Sport, proposé de série sur la M40i, ainsi que l’Assistant dynamique à la motricité. Qui veille au grain et limite la puissance lorsqu’une éventuelle situation dangereuse est détectée, en plus de freiner l’une ou l’autre roue. Grâce à son poids contenu de 1580 kg, le Z4 M40i réalise l’exercice du 0 à 100 km/h en 4,5 secondes, selon les valeurs revendiquées par le constructeur du moins, car sur la piste d’essai du «Dynamic Test Center» de Vauffelin, la rédaction a eu bien du mal à reproduire ce chiffre, le Z4 ne faisant pas mieux que 4,9 secondes. En revanche, dans l’exercice inverse, la BMW s’est montrée capable de passer de 100 km/h à l’arrêt en 33,1 mètres seulement (selon nos propres mesures). C’est mieux que la concurrence. Merci aux freins M Sport, eux aussi proposés de série sur le M40i. Au-delà de cette valeur absolue, il faut également reconnaître au freinage son bon côté dosable, agréable au quotidien.

Pensé pour les longs trajets, le Z4 propose un châssis adaptatif de série sur la version M40i, ce qui lui permet d’offrir une certaine polyvalence. Cela dit, l’amplitude de réglage est faible et se cantonne en fait à un compromis entre confort et sportivité. Malheureusement, la répartition des masses du Z4 M40i (52 % à l’avant, 48 % à l’arrière) n’est pas aussi bonne que sur les versions à 4-cylindres (sDrive 20i & sDrive 30i). L’essieu avant, qui profite de pneumatiques plus petits que l’essieu arrière (255/35 R19), réagit promptement aux moindres sollicitations du volant. Certes, la direction variable n’offre pas un aussi bon ressenti que ce que BMW a pu proposer par le passé, lorsque la marque faisait ce qui se faisait de mieux sur le marché. Il n’empêche qu’elle reste toujours bonne. Précise et surtout directe (à peine plus de deux tours de volant de butée à butée), elle dispose d’un bon clavetage (effort à fournir par le conducteur pour sortir du point milieu). Le tempérament joueur du Z4, si cher à BMW et aux nombreux amateurs dont profite la marque, procure un réel plaisir de conduite. Lequel est sublimé par la jolie sonorité du 6-cylindres, qui dissémine une bande envoutante dans l’habitacle, laquelle n’est jamais envahissante. Autre avantage du 6-cylindres en ligne: sa consommation. Relativement réduite, elle a été mesurée à 7,1 l/100 km seulement sur le parcours standardisé de la Revue Automobile. C’est vraiment raisonnable pour un moteur de cette cylindrée.

Boîte automatique au top

De son côté, la boîte automatique à huit rapports d’origine ZF s’est montrée fidèle à elle-même, en étant toujours aussi bonne. Réagissant promptement aux sollicitations du conducteur, elle égrène rapidement les rapports, mais toujours en douceur. Merci au convertisseur de couple, qui s’est également révélé agréable dans les parkings, puisqu’il permet au Z4 de manœuvrer tout en douceur. Malheureusement, les grandes qualités techniques de cette unité automatique ont totalement éclipsé la boîte de vitesses manuelle, qui n’est pas proposée sur la version M40i (elle reste disponible sur les versions sDrive 20i). Cette carence semble étonnante lorsque l’on sait que Toyota propose une boîte manuelle sur sa GR Supra 6-cylindres, et que cette unité est en outre issue des étagères de Munich, comme toute la technique qui supporte la Supra d’ailleurs! Heureusement, d’après certains bruits de couloir, une boîte manuelle pourrait également faire son apparition sur le Z4 M40i dans les mois qui viennent. Ce serait une super nouvelle.

Dans sa version de base, le Z4 (sDrive 20i) est relativement bon marché puisque sa grille tarifaire débute à 56 200 francs. Mieux équipée de série, la version dotée du 6-cylindres est nettement plus chère puisqu’elle coûte 84 500 francs. Néanmoins, l’espèce en voie de disparition qu’est le 6-cylindres mérite certainement que l’on se saigne pour lui, il vous le rendra bien. D’autant qu’il a toutes les chances de devenir un classique. 

À bien des égards, le Z4, qui n’a pas fondamentalement évolué depuis son lancement en 2018, prouve à quel point les voitures d’il y a quelque temps, celles des années 2010, étaient excellentes. Dépourvu de machines électriques venant perturber la bonne marche de la mécanique, le Z4 reste une voiture purement thermique comme d’aucuns les aiment. Epaulé par un nombre adéquat de systèmes d’assistance, le Z4 ne perturbe pas trop le conducteur, le laissant maître de son véhicule; il n’en a pas trop, comme aujourd’hui sur les voitures les plus récentes. Le conducteur profite en outre d’un système d’infodivertissement de la bonne taille, il n’est ni trop grand (comme sur les nouvelles voitures), ni trop petit (comme sur les voitures des années 2000). Bien qu’il fonctionne de manière tactile, il peut également être commandé par des boutons physiques. Le meilleur de deux mondes, quoi! 

Résultats

Note de la rédaction 86/100

moteur-boîte

Chef-d’œuvre mécanique, le 6-cylindres en ligne forme un duo de choc avec l’excellente boîte automatique ZF. Il est cependant dommage que cette dernière ne laisse jamais sa place à une unité manuelle.

trains roulants

L’amplitude de réglage permise par le châssis adaptatif n’est pas très importante. La plage proposée se situe à égale distance d’un châssis confortable et d’une plateforme sportive.

Habitacle

Confortable et technologique comme il faut, l’habitacle offre suffisamment d’espace pour embarquer un couple et ses bagages le temps d’un week-end. Les rangements sont nombreux.

Sécurité

Le Z4 n’embarque pas le dernier cri en matière d’aides à la conduite mais elles sont suffisantes et surtout n’interfèrent pas avec le conducteur. Le freinage est de premier ordre.

Budget

La version de base est bon marché, la M40i, forte de son 6-cylindres, l’est moins. Mais ce magnifique bloc mérite bien un supplément.

Verdict 

Avec son 6-cylindres en ligne dénué de la moindre hybridation, son architecture propulsion et sa capote en toile, le Z4 fait partie d’une catégorie de voitures (les petits roadster thermiques en l’occurrence) dont les jours sont clairement comptés. Plaisante à conduire et à emmener en week-end, elle a tout d’un futur classique. À bon entendeur…

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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