André Wicky nous a quittés, à quelques jours de ce qui aurait été – dimanche dernier – son 88e anniversaire, lâché par ce cœur qu’il avait grand. Depuis son garage de la place du Tunnel, à Lausanne, il avait lancé ses multiples expéditions sur les circuits d’Europe, et parfois du monde, dans les années 60-70, le plus souvent avec des Porsche qu’il n’hésitait pas à confier à de jeunes pilotes suisses prometteurs. Edgar Berney, Walter Brun, Philippe Carron, Bernard Chenevière, Claude Haldi, Peter Mattli (par ordre alphabétique) et tant d’autres encore, dont le Français Jean-Pierre Hanrioud et le Marocain Max Cohen-Olivar, lui doivent d’avoir pu prendre le départ d’épreuves prestigieuses dans des conditions qui restaient certes celles d’un amateur sans grands moyens, mais dont la passion n’avait d’égale que la débrouillardise.
C’était l’époque où courir avec des «bouts de ficelles» était encore possible, permettant à des non-professionnels d’aller se frotter aux usines dans l’exaltation des plus grandes courses. Archétype de ces «clients» Porsche qui ont aussi contribué à écrire l’histoire de la marque, André Wicky est le 4e pilote suisse vu le plus souvent aux 24 Heures du Mans (11 participations), où il lui arriva d’engager jusqu’à quatre voitures sous les couleurs du Wicky Racing Team. L’une d’elles – la Porsche 907 de Brun-Mattli – lui offrit sa plus belle récompense, une 7e place en 1971.
Ses meilleurs résultats personnels, le Lausannois les obtint aux 1000 Km de Paris 1966 (2e avec Hanrioud sur une 906), aux 12 Heures de Reims 1967 (5e avec Berney), aux 1000 Km de Monza 1968 (6e avec Hanrioud sur une 910), aux 24 Heures de Daytona 1969 (3e en GT avec Sylvain Garant sur une 911) ou encore aux 12 Heures de Sebring, la même année (12e et vainqueur en GT avec Gérard Larrousse et Jean Sage), victoire de catégorie qu’il arrachait aussi aux 1000 Km du Nürburgring 1970 (1er 2 litres avec le Portugais Mario Cabral sur une 907).
Pilote éclectique s’il en était, André Wicky écuma aussi les courses de côte en Suisse et en Europe. Il termina notamment 3e au Mont-Ventoux en 1963 sur sa… Cooper-Climax F1, qu’il aligna aussi dans huit Grands Prix de F1 hors championnat du monde, côtoyant entre autres grands de l’époque Jim Clark, Jo Siffert ou Lorenzo Bandini, avec en point d’orgue une 7e place à Pau en 63.