«Aucune ambition de devenir plus grands»

Alors que le Salon de Genève est en crise, Auto Zürich ouvre bien ses portes entre le 4 et 7 novembre. Néanmoins, Karl Bieri, son président, préfère jouer les modestes.

Deux ans. Il aura fallu attendre deux ans pour visiter à nouveau un Salon automobile en Suisse. Cela fait, en effet, depuis novembre 2019 et le 33e Auto Zürich que notre pays n’a plus accueilli de manifestation autour de la voiture, pour des raisons qu’il est inutile de mentionner. Auto Zürich, 34e du nom, vient combler ce manque, entre les 4 et 7 novembre, alors que Genève s’enfonce dans la crise. Et si, après tout, les petits Salons étaient plus aptes à survivre que les plus grands événements? Nous en avons parlé avec celui qui dirige la manifestation suisse alémanique depuis 25 ans, Karl Bieri.

REVUE AUTOMOBILE: A combien de visiteurs vous attendez-vous pour cette édition?

Karl Bieri: En général, nous recevons environ 60 000 visiteurs par édition, mais l’affluence sera plus difficile à estimer pour cette année, en raison des mesures sanitaires en vigueur. Notre objectif est d’atteindre le même nombre de visiteurs que lors de la dernière édition, en 2019. C’est sûr, nous sommes encore dans l’incertitude, nous ne savons pas comment ça va se passer. Ça peut toutefois aller dans le bon sens: les gens ont de nouveau envie de se rencontrer et de vivre une expérience «en vrai». Nous avons 45 marques présentes, 80 nouveautés, c’est un véritable feu d’artifice au niveau de l’offre!

Pensez-vous que le coronavirus a renforcé la pertinence des manifestations «physiques», ou les a-t-il affaiblies? 

C’est à double tranchant. Il y a des visiteurs qui se déplacent seulement en l’absence de restrictions. D’autres apprécient la mise en place de ces mesures, ils se sentent davantage en sécurité grâce aux prescriptions édictées par l’Office fédéral de la santé publique. Les gens ont envie de se retrouver, tout le monde a ressenti un manque durant les phases de semi-confinement. Il y a un besoin là-derrière et nous avons une très grande opportunité: nous sommes la première grande exposition à accueillir le public depuis longtemps. Je pense, en outre, que les expositions intelligentes ont une chance de montrer leur pertinence, en prouvant l’importance d’une expérience multisensorielle. Une voiture, qui représente un très grand investissement pour beaucoup de gens, doit être sentie, essayée, touchée. Voir une voiture sur un écran d’ordinateur ne suffit pas.

Les concepts de sécurité prescrits par l’OFSP ont-ils rendu votre travail plus difficile?

Oui, ça a rendu les préparatifs extrêmement difficiles. Nous avons dû introduire des contrôles de certificats à chacune de portes. Et ça coûte cher! Nous avons dû aussi vivre avec un certain risque financier, en raison de la menace d’une annulation tardive; certaines acquisitions ont dû être faites il y a six mois. Mais, nous voyons le bout du tunnel et remercions les garagistes et les importateurs suisses qui participent à Auto Zürich, sans qui la manifestation ne pourrait pas avoir lieu.

A combien s’élève le surcoût induit par la mise en place des contrôles des certificats Covid?

Nous estimons que cette édition coûtera environ 10% en plus, mais c’est encore à vérifier. Cela est aussi imputable à l’installation d’un centre de test, devant l’entrée.

La tendance actuelle des infections vous inquiète-t-elle?

Non, ça ne m’inquiète pas. Le nombre de nouvelles infections reste faible. Il faut faire le tri parmi ce qu’on lit dans la presse, car certains grossissent le trait. Le point le plus important est que les hôpitaux ne soient pas surchargés et ce n’est actuellement pas le cas. Je suis plutôt tranquille.

Karl Bieri, 70 ans, est à la tête d’Auto Zürich depuis 25 ans. Il a occupé pendant 35 ans divers postes dans la direction d’un groupe de garages zurichois. 

Pensez-vous que les Salons automobiles locaux ont de meilleures chances de survivre que les grands Salons internationaux?

C’est difficile à dire. Je pense toutefois que les expositions conçues de façon intelligente, grandes ou petites, ont une réelle chance de perdurer. C’était peut-être le seul avantage de la pandémie: nous avons eu du temps pour réfléchir à un nouveau concept. Nous présentons par exemple, cette année, des stands complètement revus pour les voitures neuves. Ou, pour des raisons écologiques, nous avons renoncé à la moquette: cela représente 20 km de tapis qu’il ne faut pas produire, transporter, poser et ensuite mettre au rebut. Pour ces raisons, Auto Zürich 2021 aura une allure totalement nouvelle par rapport aux éditions précédentes. Nous proposons encore cette année l’EV Experience: les visiteurs peuvent essayer 16 modèles différents de voitures électriques. Nous voulons rapprocher l’électromobilité des conducteurs.

Le Salon de Genève n’aura pas lieu pour la troisième fois consécutive en 2022. Que vous inspire cette décision?

C’est une triste histoire, ce qu’ils ont subi en 2020 était vraiment moche. Nous regrettons qu’ils aient dû renoncer pour la troisième fois à organiser la manifestation. De l’extérieur, je ne peux en tout cas pas émettre de jugement sur la situation et sur la décision des constructeurs automobiles. Rien n’est toutefois définitif, ils peuvent revenir en 2023. Le Salon de Genève est une manifestation excellente, c’était toujours un grand plaisir de le visiter.

Vous n’avez pas l’intention de devenir plus grands et de remplacer le Salon de Genève?

Non. Il faut tout d’abord souligner qu’Auto Zürich est beaucoup plus petit que le Salon de Genève. Nous avons ici 30 000 m2 de surface d’exposition, c’est incomparable avec la taille de Palexpo (ndlr: 106 000 m2). Nous ne pouvons pas nous agrandir, et nous ne le voulons pas. Nous ne souhaitons pas arriver avec des changements, qui auraient une influence sur la conception des stands. Nous voulons rester fidèles au concept de stand standardisés, ce qui permet de garder des coûts très raisonnables. C’est une bonne idée, ça correspond bien à Auto Zürich. Nous n’avons absolument aucune ambition de devenir un Salon international.

Votre petite taille vous a-t-elle protégé?

Notre avantage, c’est que nous avons une taille adéquate. Par le passé, on nous a reproché d’être trop petits, mais, je crois qu’aujourd’hui, nous avons les bonnes dimensions. On remarque qu’il y a un changement parmi les manifestations internationales, peut-être que le temps des immenses stands – comme on les a vus à Francfort – est révolu. Il faut comprendre que nos clients ne sont pas les maisons mères, mais les importateurs d’automobiles locaux et les garagistes, ils n’ont pas les moyens de fabriquer des stands énormes.

Puisque Genève n’aura pas lieu au printemps 2022, comptez-vous déplacer la date d’Auto Zürich plus tôt l’année prochaine?

Nous n’avons pas encore réfléchi à l’année prochaine. Nous nous concentrons pleinement sur l’édition actuelle d’Auto Zürich. Nous ferons ce genre de réflexions à la fin de l’année. Rien n’est pour l’heure déterminé, car les exposants veulent voir comment le public va réagir cette année.

Auto Zurich, entre les 4 et 7 novembre 2021, à la Messe Zurich (Wallisellenstrasse 49, 8050 Zurich-Oerlikon). Un certificat Covid sera exigé à l’entrée. Un centre pour se faire tester est à disposition, devant les portes de la manifestation. Prix du test: 35 francs. Infos: www.auto-zuerich.ch

Horaires d’ouverture Jeudi et vendredi: 10h à 21h, samedi et dimanche: 10h à 19 h

Prix des tickets Adultes: 19 Fr. Etudiants: 10 Fr. AVS/AI: 12 Fr. Tarif réduit à 12 Fr., dès 18 heures. Gratuit pour les enfants jusqu’à six ans. 

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