«Nous allons pousser le sport auto en suisse»

Mohammed Ben Sulayem succède à Jean Todt au poste de président de la FIA. Dans une interview exclusive, il aborde, entre autres, les défis suisse et «écologique» du sport auto.

Après avoir présidé pendant 12 ans le comité de direction de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), Jean Todt a passé le flambeau à un nouveau président. Son nom? Mohammed Ben (bin) Sulayem. Ancien pilote automobile émirati – champion du Moyen-Orient des rallyes à plusieurs reprises –, il est né à Dubaï en 1961. A peine élu président, M. Sulayem répond a la RA dans un interview pour le moins exclusive.

Revue Automobile: Monsieur Ben Sulayem, quels sont les objectifs de votre mandat?

Mohammed Ben Sulayem: Avant tout, il est crucial de déterminer des lignes directrices bien claires avec les différents promoteurs de championnat. Aujourd’hui, c’est bien évidemment la durabilité qui est au centre de l’attention; du type de carburant utilisé aux nouvelles technologies de propulsion, cet aspect est devenu primordial. Le Championnat du Monde des Rallyes (WRC) illustre bien cet état de fait dans la mesure où les nouvelles Rally1 étrennent d’inédites chaînes cinématiques hybrides. Mais, le rallye ne se résume pas au seul WRC. Depuis que j’ai commencé à courir (ndlr: au milieu des années 1980), les exigences et les défis ont bien changé. Cela dit, aujourd’hui, l’enjeu n’est pas tant d’atteindre la neutralité carbone, mais bien d’être proactif dans ce domaine.

Certains sont-ils réticents?

Il y a quelques mois, certains des pilotes les plus réputés du Championnat du Monde des Rallyes avaient formulé de sérieuses réserves quant aux performances des nouvelles voitures hybrides. D’aucuns les décrivaient trop lourdes, trop lentes et ainsi de suite. Aujourd’hui, ils sont enthousiastes. Ces transformations sont nécessaires. Le sport automobile ne doit pas seulement contribuer à réduire le CO2, mais être aussi, et de plus en plus, un terrain d’expérimentation et un accélérateur de nouvelles technologies.

En tant que multiple champion du Moyen-Orient des Rallyes, vous avez une affinité particulière avec les rallyes. Est-ce pour cela que vous avez assisté à une manche du championnat européen des rallyes en République tchèque?

C’est clair, j’attache de l’importance aux rallyes, c’est un pan important de ma vie. C’est en serrant les coudes à deux dans une auto que j’ai appris à travailler en groupe. Les rallyes ne sont pas des sprints, ils sont une épreuve de persévérance et de passion. De plus, ce sport m’a permis de faire connaissance avec d’autres pays et d’autres cultures. La visite en République tchèque était importante à plusieurs titres. Le championnat européen des Rallyes n’est pas seulement le championnat le plus ancien de la FIA, c’est aussi le plus important des championnats continentaux de rallyes. En outre, j’ai pu découvrir les structures actuelles, rencontrer des pilotes, des écuries et des représentants des constructeurs. De plus, au volant d’une Rally3, j’ai pu me faire une idée de cette nouvelle catégorie et des standards de sécurité pour les autos et les tracés.

Que pensez-vous du virage que prend la F1 avec l’arrivée des monoplaces à effet de sol?

S’il est une discipline pour laquelle je ne m’inquiète absolument pas, c’est bien la Formule 1. La saison à venir s’annonce tout aussi passionnante que la précédente, aussi et surtout parce que ses organisateurs savent vers où aller.

Bien qu’elle soit l’un des leaders européens de l’automobile, l’Allemagne ne possède ni GP de F1, ni de manche de WRC. Que faudrait-il faire pour que cela change?

Une précision avant tout: la FIA a besoin de l’Allemagne, de sa culture et de ses grands constructeurs. De concert avec la fédération nationale et les promoteurs, nous devons élucider ce qu’il faut pour que l’Allemagne recommence à organiser de grandes manifestations. Le sport auto doit aussi être présent sur les marchés clés. Si, en tant que président de la FIA, je peux aider, alors je m’engage à le faire. Et cela ne vaut pas seulement pour l’Allemagne d’ailleurs.

Parlons maintenant de la Suisse: que pourrait faire la FIA pour que le sport automobile ait plus d’importance dans ce pays?

Les bureaux de la FIA étant à Genève, j’ai de bonnes relations avec la fédération suisse. Il ne s’agit pas de savoir ce que la FIA estime judicieux pour la Suisse, mais bien de déterminer ce que les Suisses veulent et de ce dont ils ont besoin. Sur YouTube, il existe des nombreuses vidéos révélant l’immense enthousiasme pour l’automobile dans ce pays. C’est pourquoi j’ai bon espoir que, de concert avec la fédération suisse, nous puissions élaborer de nouveaux concepts plus durables, et ce afin de raviver la flamme du sport automobile.

Quels seront les prochains circuits sur lesquels vous vous rendrez?

Le Mans. J’y avais déjà été invité par le passé mais je n’y étais encore jamais allé. Je devrais également me rendre au Nürburgring.

Biographie

Fort de ses nombreux succès en rallyes parmi lesquels 14 victoires au championnat du Moyen-Orient des rallyes (MERC), Mohammed Ben Sulayem (60 ans) est titulaire d’un diplôme de Bachelor en économie de l’université de Washington ainsi que de l’Ulster University, en Grande-Bretagne. Fondateur de l’Abu Dhabi Desert Challenge, il est aussi l’homme qui a rendu possible le Grand Prix d’Abou Dabi. Outre ses activités au sein de la fédération des Emirats arabes unis et du Moyen-Orient, il a été vice-président de la FIA de 2008 à 2013, avant d’en prendre le contrôle l’année dernière.

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